Eclipse totale de Soleil des 8-9 mars 2016
Observations des Grains de Baily et Simulations
Le point central de cette éclipse (phase de totalité pendant 4 min 9 sec) se trouvait au milieu de l’Océan Pacifique à l’est de l’Indonésie où près de 10 millions d’habitants étaient situés dans la bande de totalité. Pour observer l’éclipse totale de Soleil des 8-9 mars 2016, je proposais des voyages seulement dans l’est de l’Indonésie, aux Moluques du Nord, là où la météo au sol était la plus favorable et la durée la plus longue. Cependant les infrastructures locales disponibles étaient assez limitées. L’atoll de Woleai, qui fait partie de la Micronésie, offrait une durée proche du maximum mais malheureusement sa piste d’atterrissage était hors service, ce qui compliquait sérieusement la logistique. Les possibilités de lieux d’observation étant multiples il fallait donc prêter une attention particulière à la topographie des lieux et aux conditions météorologiques qui n’étaient pas des plus favorables à moins de se trouver sur un bateau de croisière dans l’océan Pacifique. Par ailleurs l’épisode El Niño 2015-2016 a réduit sensiblement la couverture nuageuse moyenne en Indonésie.
Les simulations des grains de Baily ont toutes été réalisées à l’aide de mon logiciel Solar Eclipse Maestro. L’objectif va être de comparer les images réelles et les simulations tout le long de la bande de totalité afin de voir les similitudes ou les écarts. Généralement l’analyse de séquences d’images est plus facile car l’exposition permet souvent de bien distinguer les différents grains contrairement aux vidéos qui sont souvent trop saturées.
Prenons comme premier example les images prises par Shahrin Ahmad de Malaisie qui se trouvait à Palembang, Sumatra, où le ciel était couvert durant toute la totalité. Sa vidéo permet de distinguer suffisamment distinctement les deuxième et troisième contacts pour effecter la comparaison.
Simulation des grains de Baily sept secondes avant le second contact depuis Palembang, Sumatra, Indonésie (vidéo de Shahrin Ahmad)
Simulation des grains de Baily 1,2 seconde après le troisième contact depuis Palembang, Sumatra, Indonésie (vidéo de Shahrin Ahmad)
Dans les deux cas on constate une excellente et troublante correspondance.
Plus à l’est sur l’île de Belitung, l’allemand Robert Wagner a photographié le troisième contact.
Simulation des grains de Baily 3,2 secondes après le troisième contact depuis Belitung, Indonésie (photographies de Robert Wagner)
Simulation des grains de Baily 3,6 secondes après le troisième contact depuis Belitung, Indonésie (photographies de Robert Wagner)
De nouveau une bonne correspondance où l’on constate que même de petites évolutions des grains sont visibles.
Passons maintenant à Pulo, Sulawesi, où Salamon András a pu photographier une séquence d’images aux deuxième et troisième contacts.
Simulation des grains de Baily au second contact depuis Pulo, Sulawesi, Indonésie (photographies de Salamon András)
Photos de Salamon András à Pulo, Sulawesi
Simulation des grains de Baily au troisième contact depuis Pulo, Sulawesi, Indonésie
De nouveau on constate une parfaite correspondance.
Déplaçons nous maintenant à 40 kilomètres au sud de Palu (Sulawesi), à proximité de la ligne centrale, où Paul Coleman a pu photographier les grains de Baily au second contact.
Simulation des grains de Baily quatre secondes avant le second contact depuis Pakoeli, Sulawesi, Indonésie (photo de Paul Coleman)
De nouveau on constate que la simulation est identique à la photo.
Déplaçons nous maintenant de 350 kilomètres vers l’est le long de la bande de totalité à Luwuk (Sulawesi), au sud de la ligne centrale, où Yu Jun a pu photographier une splendide séquence de grains de Baily aux second et troisième contacts. Cette image composite a reçu le premier prix du photographe astro au concours 2016 du Royal Observatory dans la catégorie «Notre Soleil».
Composite de Yu Jun à Luwuk, Sulawesi
Simulation des grains de Baily depuis le sud de Luwuk, Sulawesi, Indonésie
Encore une fois on constate une parfaite correspondance à la fois dans la forme et la position des grains.
Passons maintenant au Palais Keraton à Ternate, où Jacques Guertin a pu photographier le troisième contact.
Simulation des grains de Baily cinq secondes après le troisième contact depuis Ternate, Indonésie (photo de Jacques Guertin)
Une nouvelle fois la simulation est identique à la photo.
Passons maintenant à Pulau Mia, Halmahera Timur, où j’ai pu photographier une courte séquence d’images au deuxième contact.
Eclipse de Soleil et grains de Baily observés autour du second contact avec leurs simulations depuis Pulau Mia dans la baie de Buli
De nouveau il y a correspondance.
Déplaçons nous encore un peu plus à l’est et plus loin de la ligne de centralité avec le norvégien Morten Ross sur Pulau Sajafi, Halmahera Timur. Le reflex numérique plein format utilisé était un Nikon D4 équipé d’un module GPS qui a permis de dater et positionner les photographies avec grande précision.
Simulation des grains de Baily plus de deux secondes avant le second contact et sept secondes après le troisième depuis Pulau Sajafi, Halmahera Timur, Indonésie (photo de Morten Ross)
Encore une fois il y a correspondance parfaite à tous les niveaux, y compris sur la durée prédite de la totalité avec une marge d’erreur de seulement deux dixièmes de seconde.
Déplaçons à nouveau plus proche de la ligne de centralité avec le roumain Catalin Beldea à Tomalou sur Pulau Tidore aux Moluques du Nord.
Simulation des grains de Baily plus de trois secondes avant et après les second et troisième contacts depuis Pulau Tidore aux Moluques du Nord en Indonésie (photo de Catalin Beldea)
A nouveau une bonne correspondance y compris avec l’écart temporel de trois minutes et neuf secondes entre la prise des deux photos.
Il est maintenant évident que les simulations permettent de prévoir les grains de Baily longtemps à l’avance et que les horaires corrigés des contacts sont justes. Cependant il reste une petite chose importante à corriger par rapport à sa valeur communément admise, le rayon solaire; détails à venir…