Eclipse annulaire de Soleil du 9 mai 1948
depuis le Japon
Le 9 mai 1948 l’île de Rebun (礼文島) au nord du Japon a eu droit à une splendide éclipse annulaire de Soleil perlée. A cette occasion il était possible de déterminer avec précision la position de la bande de l’anté-ombre lunaire et de contrôler l’exactitude du profil du limbe lunaire. Des observations du même type ont été menées lors des éclipses hybrides de Soleil des 17 avril 1912 près de Paris en France et 28 avril 1930 près de Camptonville en Californie aux États-Unis, ces deux éclipses appartenant au saros 137. Les scientifiques japonais et américains ont collaboré pour observer cette éclipse considérée comme un projet historique qui restera dans les annales. Depuis lors l’île de Rebun est connue internationalement pour la science astronomique. Cette éclipse de Soleil représentait aussi une opportunité unique pour déterminer plus finement les positions relatives de lieux sur la surface terrestre: les observations pouvaient aider à étalonner les mesures géodésiques de deux grandes masses terrestres, l’Asie et l’Amérique du Nord. Au final cela a permi de déceler que la position reconnue de Tokyo, origine des systèmes géodésiques du Japon et de la Corée, était en réalité distant de 500 mètres au sud-est par rapport à sa position réelle.
Les coordonnées d’un des lieux d’observation ont été récupérées des publications scientifiques: ces coordonnées exprimées dans le système géodésique Tokyo ont ensuite été converties dans le système géodésique mondial actuel (WGS84) à l’aide d’un convertisseur fourni par la Geospatial Information Authority of Japan. Sur la carte ci-dessous on peut s’apercevoir que le lieu d’observation choisi en mai 1948 était situé légèrement au sud de la ligne centrale calculée avec des moyens modernes, alors que les calculs de l’époque le situait sur la limite nord. La largeur de la bande n’est en effet que de 1,3 kilomètre (0,8 mile).
Cette stèle commémorative a été érigée en 2001, à 800 mètres au sud du lieu où les scientifiques japonais et américains ont collaboré pour observer l’éclipse de Soleil perlée avec 1.500 locaux. Ce lieu était censé se trouver sur la ligne centrale, du moins telle que calculée à l’époque, cependant il se trouvait en réalité légèrement en dehors de la limite sud telle que calculée de nos jours. L’ancien monument, gravé sur une pierre locale, a été déplaçé plus au sud dans un temple.
Lieu d’observation (à proximité de la ligne centrale calculée à l’époque) avec le monument érigé
Et voilà maintenant sur la partie gauche le même lieu en mai 1948 en regardant dans la direction opposée, c’est à dire vers le nord. Sur la partie droite une minute avant le maximum de l’éclipse.
L’équipement cinématographique utilisé était une caméra Parvo modèle K, la caméra 35 mm la plus utilisée dans le monde. Cette caméra, conçue en 1908 en France par André Debrie, était relativement compacte pour son époque. Ses boites à films contenaient 120 mètres de pellicule et étaient placées à l’intérieur de l’appareil, ce qui permettait presque 6 minutes de film à la vitesse standard.
Eclipse annulaire depuis l’île de Rebun (礼文島) à Hokkaidō au Japon: séquence annulaire perlée de 00:38 à 00:42
(remerciements à la société Shōchiku Movie Studio)
Simulation des grains de Baily juste au sud de la ligne centrale sur l’île de Rebun (礼文島) à Hokkaidō au Japon: regardez l’excellente correspondance entre le film et la simulation
(produit avec Solar Eclipse Maestro)
Les images ci-dessous ont été extraites du film précédant qui correspond bien à la simulation des grains de Baily. Cependant il existe quelques particularités absentes qui n’apparaissent que dans la simulation à très haute résolution. Un article par Shigetsugu Fujinami† sur le profil du limbe lunaire déduit des observations décrit les résultats obtenus lors de l’éclipse annulaire ainsi que l’équipement utilisé. L’article nous apprend qu’il y avait plusieures équipes, chacune positionnée en un lieu différent. L’équipe dirigée par Shigetsugu Fujinami† se trouvait à la limite nord de la bande calculée à l’époque, mais les coordonnées indiquées sont en fait situées très légèrement au sud de la ligne centrale telle que nous la calculons de nos jours et non à proximité de la limite nord. La simulation permet de confirmer cela sans aucun doute possible: il est en effet impossible de reproduire les images prises à l’époque en se plaçant à la limite nord.
Comparaison entre une photographie, prise à 02h50m32s depuis l’île de Rebun (礼文島) à Hokkaidō au Japon, et la simulation réalisée avec Solar Eclipse Maestro
Comparaison entre des photographies, prises avec un intervalle de 4 secondes depuis l’île de Rebun (礼文島) à Hokkaidō au Japon, et la simulation réalisée avec Solar Eclipse Maestro
Profil du limbe lunaire depuis la ligne centrale au Japon (profil calculé à l’aide de mon logiciel Solar Eclipse Maestro)
Equipement cinématographique utilisé pour enregistrer l’éclipse perlée
Locaux en train d’observer l’éclipse depuis l’île de Rebun (礼文島) à Hokkaidō au Japon. Il semble que la population locale a observé l’éclipse à l’aide d’un simple film en acétate de cellulose, probablement celui que l’on voit être distribué au tout début du film et qui est découpé à la main et par conséquent fragile.
Observateurs de l’éclipse sur l’île de Rebun (礼文島) à Hokkaidō au Japon (remerciements à National Geographic)