Expédition sur l’Aconcagua en Argentine
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Le Cerro Plomo est «un grand». Les Incas le considéraient comme un «Apu» (gardien en langue quechua), parce-qu’il dominait toute la vallée centrale de la rivière Maipo, en fournissant l’eau avec ses glaciers. Les glaciers de sa face sud donnent naissance à la rivière Molina, qui après avoir rejoint le ruisseau Yerba, constitue la principale rivière de Santiago, le Mapocho. Les glaciers des faces nord et ouest forment la rivière Maipo, d’abord avec l’Olivares, principal affluent du Colorado, qui avant de quitter les vallées internes de la Cordillière, coule vers la majestueuse Maipo.
Le Cerro Plomo est visible depuis presque toute la vallée centrale du Maipo, depuis Graneros à Lampa. Il est bien sûr visible depuis tous les sommets de la Cordillière centrale, y compris depuis la Cordillière côtière. C’est une des raisons pour lesquelles le Plomo a été choisi comme sanctuaire par les Incas. Sur ses pentes, et à son sommet, de nombreux rituels ont été célébrés, particulièrement celui concernant le dieu Soleil «Inti»; mais aussi quand des phénomènes étranges comme les maladies et les guerres se sont produits. Le cérémonial le plus connu, le «Capac Cocha», consistait à sacrifier de jeunes hommes et jeunes femmes vierges. Beaucoup de preuves de ces cérémonies se trouvent sur les pentes du Plomo : par exemple, au sommet du Plomo, il y a de belles, mais simples, constructions en pierre, et un jeune Inca a même été découvert à proximité, interrompant son paisible sommeil de plus de cinq cents ans. Cette découverte a eu lieu le 1er février 1954, vers trois heures de l’après-midi, quand les «arrieros» (cowboys des Andes) Luis Ríos Barrueto, Guillermo Chacón Carrasco et Jaime Ríos Abarca ont atteint le sommet. Ils étaient probablement à la recherche de trésors Inca car il est connu qu’à côté des jeunes victimes, les Incas enterraient de précieux objets en or (les membres de ce type d’expéditions sont appelés «huaqueros», les tombes étant des «huacas»). De nos jours la momie se trouve au Museo de Historia Natural de Santiago, mais n’est pas visible par les visiteurs. Le musée n’a pas encore été en mesure de réunir assez de fonds pour montrer la momie tout en la préservant; la momie est en effet très sensible à la lumière.
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Accès
Par La Parva
Depuis Santiago (Avenida Las Condes), prenez la direction de Farellones, et continuez ensuite (ne tournez pas à droite vers Valle Nevado) vers la station de ski de La Parva. Essayez dans la mesure du possible d’aller au point le plus haut, si les conditions d’enneigement le permettent. Par cette route vous atteindrez le haut du dernier téléski, nommé Piuquenes, juste à côté du col entre le Cerros Franciscano et la Falsa Parva. En voiture, depuis le début de la route vers Farellones jusqu’à Piuquenes, il faut entre une et une heure et demi. De Piuquenes à Piedra Numerada, il faut de deux à deux heures et demi de marche. Si la route le long du téléski est fermée, alors de deux à trois heures de marche depuis la station vers le col, situé à 3.470 mètres au-dessus du niveau de la mer, seront nécessaires (en admettant qu’il n’y ai pas de neige).
Approche
La Piedra Numerada (3.370 m) est le meilleur endroit où passer la première nuit. Au milieu d’une vega (plaine verdoyante en altitude où l’eau est abondante), à proximité de la rivière Cepo, la Piedra Numerada a été utilisée par les arrieros pour regrouper les animaux et les ramener dans la vallée avant l’arrivée de l’hiver. C’est un lieu spacieux, avec beaucoup d’eau et de place pour établir un campement. Quelques rochers et parapets servent de points de référence. Attention aux souris : ne laissez pas votre nourriture ou vos déchets à leur portée.
L’ascension
Piedra Numerada — La Hoya
Le sentier depuis Piedra Numerada vers La Hoya suit le ruisseau la plupart du temps et passe ensuite au-dessus et à droite de la chute d’eau visible depuis Piedra Numerada. En plus ou moins 4 heures, vous devriez arriver à La Hoya; toutefois, cela dépendra considérablement de la condition physique et de l’acclimatation de chaque alpiniste.
La Hoya (4.200 m)
La Hoya est atteint juste après un monticule gris visible depuis l’abri orange (Refugio Federación abritant jusqu’à 4 personnes confortablement) situé sur le bord du sentier menant au Plomo. Le site de l’abri orange est un campement alternatif. Un bon repos (avec moins de «puna», ou encore MAM) peut être obtenu ici, et compenser l’effort supplémentaire le jour du sommet. Cet endroit est approximativement à 4.100 mètres.
La Hoya est un endroit sabloneux tout près de la moraine du glacier Iver. C’est un lieu protégé du vent, mais il est commun d’avoir la «puna» ou Mal Aigu des Montagnes MAM à cet endroit, plus que partout ailleurs à la même altitude. Les autres campements possibles sont «Los Espejos» et «Refugio de Agostini». Le premier est aproximativement à 15-20 minutes de La Hoya en suivant le sentier menant au sommet. Juste au milieu de la partie couverte de pierres et de rochers, il y a deux petites mares d’eau pure. Cet endroit est parfait pour établir un campement, protégé du vent et moins bondé que La Hoya, qui est de plus selon certaines études moins enclin à l’apparition de la «puna». Le «Refugio de Agostini» est un modeste mais efficace abri en bois au pied du principal éboulis du Plomo. Il a été construit par la Federación de Andinismo dans les années soixantes et n’est plus en bon état aujourd’hui. Construit à 4.600 mètres, le Refugio de Agostini est très exposé au vent, et n’a pas de source d’eau à proximité, même si il y a de la neige à faire fondre. La cabane permet d’installer une tente basse pour trois personnes à l’intérieur. Le choix du campement avant la tentative de sommet est crucial. Les efforts supplémentaires pour transporter vos sacs vers le Refugio de Agostini ne sont pas toujours compensés par un gain suffisant le jour du sommet; tout dépendra des capacités de chaque alpiniste. Avec de lourdes charges, de La Hoya au Refugio il faut en général plus d’une heure et demi. La même distance peut être parcourue en moitié moins de temps le jour du sommet. Pour ceux préférant la compagnie je recommande La Hoya. Pour les autres, Los Espejos sera meilleur. Les alpinistes en pleine préparation devraient choisir le Refugio. Pour ceux très enclin à la «puna», je recommenderai de rester en contrebas de La Hoya, au Refugio Federación.
La Hoya — Sommet
De La Hoya faîtes demi-tour vers la vallée puis suivez ensuite le sentier surmontant le promontoire qui surplombe La Hoya depuis le sud, en direction du Plomo. Le sentier part vers l’est en remontant vers Los Espejos, où il bifurque au nord, vers le glacier Iver, c’est-à-dire en contournant La Hoya, qui est toujours visible d’en haut. Un peu plus tard, le plateau où se trouve le Refugio de Agostini est atteint. Depuis cet endroit (un bon emplacement pour se reposer et s’hydrater) démarre une très longue pente d’éboulis.
Plusieurs sentiers tortueux permettent d’atteindre une sorte de tourelle en pierre, visible depuis les alentours; c’est la fin des éboulis. La voie la plus courante pour continuer à grimper (la moins pentue et avec le terrain le plus favorable) est de contourner ces rochers par l’est (en allant à l’opposé du Cerro Plomo par la droite). On arrive ensuite sur une traverse surplombant le glacier Iver, le long du sentier au-dessus de gros rochers. Cete traverse se termine avec l’arête sommitale du Plomo. Encore quelques minutes et la traversée de la partie supérieure du glacier est atteinte. Juste au-dessus d’un dôme de roche il y a un parapet protégeant du vent et servant à se reposer avant de traverser le glacier (le «Pirca del Inca» à 5.050 m où la momie du Plomo a été retrouvée); depuis cet endroit on peut apercevoir les glaciers nord de la montagne et pour la première fois on est convaincu que le sommet de la Leonera est en contrebas.
La traversée du glacier se fait sur une pente légère sans crevasses (elle prends environ 15 à 30 minutes au point le plus étroit lors d’une année normale). Cependant, la glace peut être très dure, rendant l’utilisation des crampons et une grande attention nécessaires : il suffit de glisser de queques mètres pour atteindre une pente abrupte vous exposant à une chute de 600 mètres.
Une fois le glacier traversé, il faut moins d’une heure pour atteindre le sommet.
Le sommet
De La Hoya il faut entre 4 et 8 heures pour atteindre le sommet, en fonction de la météo et de la condition physique des alpinistes. Six heures depuis La Hoya est un bon point de repère. La descente prends approximativement moitié moins de temps que la montée.
Ce sommet classique offre de belles vues : depuis son sommet tous les autres de la zone centrale, depuis le Mercedario au nord, jusqu’au Volcán Maipo au sud, sont visibles; la vue couvre presque 300 kilomètres. Le sommet est large, et il faut quelques minutes pour le traverser vers son point haut, indiqué par une croix et un mémorial à l’alpiniste Víctor Trujillo, mort lors de la première expédition Chilienne sur l’Everest. Le sommet est généralement balayé par le Boreas (vent du nord), et le facteur éolien entraine rapidement des gelures à moins qu’une protection adéquate soit utilisée.
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